
Auteur : Xavier Haudiquet-Lamarque
Cet article souhaite examiner la place du corps dans la théorie et la pratique de l’Approche centrée sur la personne. Nous partons de l’hypothèse que le langage non verbal est une expression de la personne au même titre que le contenu de la narration. Cependant, dans la tradition de l’Approche centrée sur la personne (ACP), le corps est peu évoqué et on peut légitimement se demander si le cadre théorique de l’ACP permet une prise en compte de cette méta-communication et du corps en général. Nous examinerons différentes objections pour finalement nous demander comment dans la pratique, le thérapeute centré sur le client peut aborder les manifestations corporelles de ses clients sans trahir les principes fondamentaux qui caractérisent l’Approche centrée sur la personne.
Aborde-t-on un thème tabou avec cette question de la place du corps dans l’Approche centrée sur la personne ? On pourrait presque le croire si l’on en juge cette première constatation, assez surprenante par ailleurs, que le corps et ses manifestations, la communication non verbale, sont des thèmes quasi absents, voire inexistants, dans la littérature sur l’Approche centrée sur la personne (ACP). En effet, l’œuvre de Carl Rogers ne fait guère mention ni du corps ni du langage non verbal, et le cadre théorique de l’Approche centrée sur la personne ne considère pas le corps comme un objet d’étude ou un sujet de réflexion, comme c’est le cas par exemple des thérapies psychocorporelles qui font du corps l’élément central de leur approche thérapeutique, mais aussi de quelques autres courants comme la Gestalt Thérapie ou la psychosynthèse qui intègrent explicitement les manifestations corporelles dans la praxis