
Auteur : Clément Haudiquet-Lamarque.
Comment peut-on mettre en pratique le regard positif inconditionnel dans la relation ? On sait qu’il s’agit d’une des conditions que mentionne Carl Rogers pour créer un climat facilitateur de croissance, aux côtés notamment de l’empathie et de la congruence. Mais ces trois conditions n’ont pas tout à fait le même statut. La congruence et l’empathie sont des attitudes que l’on peut cultiver et développer alors que la qualité de mon regard positif dépend en grande partie des sentiments que j’éprouve pour mon client, de mes jugements, peut-être même de mes projections et interprétations. Alors, comment un psychothérapeute ou un accompagnant peut-il adopter cette attitude de considération positive inconditionnelle vis-àvis de ses clients et la maintenir au fil de la relation ?
Parmi les trois conditions facilitatrices du développement de la personne que mentionne Carl Rogers (1968, p. 48-49 et 201-205 ; 1979, p. 8-9 ; 1987, p. 61-62 ; 2001, p. 257-261), celle concernant le regard positif inconditionnel est sans doute celle dont on parle le moins. L’empathie et la congruence ont fait l’objet de nombreuses discussions, et quelques auteurs ont même créé des manuels pour expliquer comment instrumentaliser ces attitudes dans la relation psychothérapeutique. Mais le regard positif inconditionnel est rarement évoqué, comme s’il allait de soi ou qu’il s’agissait d’une condition évidente à mettre en œuvre. Pourtant, cela n’a rien de naturel d’avoir spontanément un regard inconditionnellement positif sur quelqu’un. La question posée par Ruth Sanford reste ouverte : « Peut-on avoir un regard positif inconditionnel pour tout le monde ? »5 En effet, le jugement ou l’évaluation sont bien souvent présents dans les relations humaines. Alors, comment un psychothérapeute ou un accompagnant peut-il éprouver de la considération positive, et qui plus est inconditionnelle, vis-à-vis de ses clients ?