L’empathie en psychothérapie

Un mécanisme vital ? Oui. Une prétention du thérapeute ? Bien trop souvent. Est-elle suffisante par elle-même ? Non

Article original en anglais:

Shlien, J. (1997). Empathy in psychotherapy: A vital mechanism? Yes. Therapist’s conceit? All too often. By itself enough? No. In A. C. Bohart & L. S. Greenberg (Eds.), Empathy reconsidered: New directions in psychotherapy (pp. 63–80). American Psychological Association.

John Shlien

L’EMPATHIE EN PSYCHOTHÉRAPIE

Johh Shlien

En anglais, le terme «empathy» est un nom abstrait, d’origine et d’influence germanique particulières. Du fait de cette abstraction il circule bien des définitions de l’empathie. En tant que qualité personnelle celle-ci est grandement répandue suivant la perception que l’on en a. Tout individu qui fait l’expérience de l’empathie a le droit de proposer une définition. La mienne est simple. “L’empathie” est l’une des diverses formes essentielles de l’intelligence, une forme expérientielle de telle importance pour l’adaptation que la survie physique et sociale en dépend. Il s’agit d’une aptitude normale, naturelle, banale, presque constante, presque inévitable. Sa nature ne détermine pas son utilisation. En soi, elle n’est pas une “condition” de la thérapie, mais peut-être, en est-elle une pré-condition.

L’empathie rend capable. Elle peut être nécessaire, mais elle n’est certainement pas suffisante. Et puisqu’elle n’est pas chose rare, bien qu’elle puisse servir à parer notre prétention professionnelle, elle ne peut être prise pour chasse gardée de la pratique de la profession. Ceux qui, comme Kohut, pensent que c’est un “marqueur du champ” doivent alors considérer la majorité des êtres humains comme des ouvriers de ce champ. Bienvenue à ceux d’entre nous qui estiment que les principes de la psychothérapie ne sont que l’affinement des meilleures d’entre les relations humaines ordinaires. Et ceux pour qui, à l’instar de Rogers, l’empathie est garante de gentillesse, de bienveillance ou de réciprocité, ils devraient pouvoir aussi l’envisager comme instrument de cruauté. Le sadique, et plus particulièrement le sadomasochiste, fait un usage intense de l’empathie, mais avec la sympathie en moins. Le sadique connaît votre peine et s’en régale. Le chasseur qui pointe son fusil sur sa cible volante, s’élance avec l’oiseau pour le tuer. Empathie et sympathie ne vont pas toujours de pair. En fait l’empathie peut être une arme de guerre, un avantage dans toutes les formes de compétition…

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L’auteur:

John Shlien (1918-2002) a été étudiant de Carl Rogers, l’un de ses proches collaborateurs et ami. Il a travaillé à l’Université de Chicago à partir de la fin des années 1940, puis il a rejoint l’Université de Harvard en 1967 en tant que Professor of Education and Counseling Psychotherapy, avant de prendre sa retraite en Californie.

Il a publié de nombreux articles, dont quelques-uns ont été traduits en français. Vous trouverez dans notre bibliothèque :

  • Une contre-théorie du transfert. Lire ici

Voir aussi la réponse de Carl Rogers à J. Shlien :

  • L’empathie et le reflet des sentiments. Lire ici