“L’Approche Centrée sur la Personne s’appuie sur l’instinct d’accomplissement – la tendance à l’actualisation – que possède tout organisme vivant et qui fait qu’il tend à croître et à réaliser tout son potentiel. C’est un élan vital qui conduit l’homme vers un développement plus complexe et plus complet. L’ACP se donne pour but de libérer cet élan vital.” Carl Rogers
Qu'est-ce que l'Approche Centrée sur la Personne ?
Une psychothérapie centrée sur la personne
L’Approche centrée sur la personne (ou ACP) est une méthode de psychothérapie et de la relation d’aide créée par le psychologue nord-américain Carl Rogers à partir des années 40. D’abord connue sous le terme d’orientation non directive, Rogers l’a ensuite baptisé Psychothérapie centrée sur le client puis Approche centrée sur la personne (ACP).
Plus qu’une technique, l’Approche Centrée sur la Personne est une philosophie (une manière d’être) qui s’appuie sur la tendance naturelle de tout être humain à se réaliser en tant que personne, ce qu’on appelle la tendance actualisante.
Tout commence par des pommes de terre
Lorsqu’il était jeune, Carl Rogers vivait à la campagne. La coutume était alors d’entreposer durant l’hiver la récolte de pommes de terre dans la cave. Le jeune Carl, qui aimait observer la nature, s’est rendu compte que malgré ces condition peu favorables, les pommes de terre arrivaient à germer.
Certes, les petites tiges étaient frêles et blanchâtres, très différentes des tiges drues et vertes qui poussent au printemps en pleine terre. Mais elles se dirigeaient vers la lumière de la lucarne, dans une tentative désespérée pour se développer. Elle n’arriveront jamais à maturité, à devenir plante, mais malgré des conditions adverses, elles s’efforcent de le faire. La vie, même si elle ne peut atteindre son objectif, n’abandonne jamais. C’est cela la tendance actualisante, le fondement même de l’Approche centrée sur la personne.
Certains clients qui arrivent en psychothérapie ont eu une vie tellement difficile, pleine d’obstacles et de blessures, que leur vie paraisse anormale ou comme une litanie de souffrances. Pourtant, elles sont là, en thérapie, elles ont franchi le pas pour rechercher de l’aide, elles luttent pour avancer vers la croissance et leur développement, pour tenter de se réaliser dans leur existence.
Les conditions de la croissance
Bien sûr, pour que l’individu puisse se développer dans un sens positif et constructif, il est nécessaire qu’il bénéficie d’un climat favorable; exactement comme la graine a besoin de bonnes conditions pour qu’elle devienne plante et développe le potentiel qu’elle porte en germe: un bon terreau, de la lumière et une douce chaleur. Si cette graine se retrouve sur le bitume, il est peu probable qu’elle puisse germer. Mais si par hasard, elle tombe dans un interstice et qu’elle arrive à plonger ses racines jusqu’à la terre, elle trouvera aura alors la force de pousser, même de manière chétive ou maladroite.
Il en va de même pour la personne. De nombreux obstacles se présentent sur le chemin de la croissance depuis notre naissance. Le processus de développement est bien souvent dérouté ou gêné, parfois interrompu. Mais l’élan vital, inné, vers l’actualisation de soi est toujours présent et peut être relancé si des conditions spécifiques sont présentes. C’est la tâche de l’écoutant ou du psychothérapeute rogerien que d’offrir à son client ce climat facilitateur. Il est constitué de trois attitudes:
La compréhension empathique
Il s’agit de la capacité à entrer dans le monde de l’autre comme s’il s’agissait du sien propre afin de le comprendre.
La congruence
Carl Rogers parle aussi d’authenticité. C’est la cohérence entre l’expérience, la conscience de soi et ce qui est exprimé.
La considération positive inconditionnelle
C’est le fait de porter sur autrui un regard positif et respectueux, sans jugement, fondé sur la confiance dans son autoréalisation. Pour Carl Rogers, ce qu’il y a de plus profond au cœur de l’homme est digne de confiance.
Au coeur de la psychologie humaniste
Chaque école a sa propre définition de la psychothérapie qui dépend de son épistémologie. Pour l’ACP, la psychothérapie est une démarche qui permet d’alléger la souffrance psychique en traitant les troubles et les conflits intérieurs. Elle est aussi un accompagnement psychologique de la personne dans son évolution vers plus de conscience de soi, de croissance et d’actualisation de son potentiel comme être humain. De ce fait, l’ACP favorise et facilite le processus de croissance (growth) à travers une relation constructive et significative entre le praticien et son client.
C’est ainsi que l’ACP est l’école de thérapie la plus représentative du grand courant de la psychologie humaniste, appelée aussi la Troisième force aux côtés de la psychanalyse et du comportementalisme.
Les idées de Carl Rogers ont grandement influencé l’immense champ de la relation d’aide et des métiers d’accompagnement, dans le domaine de la santé, de l’éducation, la pédagogie, la médiation, la psychologie sociale et bien sûr la psychothérapie moderne. On ne peut pas parler de relations humaines sans évoquer Carl Rogers. Cliquer ici pour en savoir plus sur Carl Rogers,
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- Lire l’article: Carl Rogers, pionnier de la recherche en psychothérapie
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- Pour une description plus détaillée de l’ACP, lire l’article que nous avons rédigé pour Wikipédia.