Peut-on obtenir un financement pour sa formation à la psychothérapie ou même à l’écoute ?

La dernière loi sur la formation profesionnelle qui date de 2018 est abusivement intitulée : “Loi pour la liberté (sic) de choisir son avenir professionnel”. Mais de quelle liberté parle-t-on alors qu’un pan entier des activités humaines, pourtant essentielles à la bonne vie en société, sont éliminées de toute forme de financement ?

L’écoute, la relation d’aide, la psychothérapie… bref, toutes les activités du soin psychologique sont abentes du champ d’application de cette loi. En d’autres termes, on ne peut pas utiliser son CPF personnel (Compte Personnel de Formation) pour se former aux métiers de l’accompagnement ! Et les financements par d’autres sources sont quasi absents. 

Article initialement publié dans la revue:
Trait d’Union
N° 43, juillet 2020

Quel financement pour se former à la psychothérapie?

PAS DE PLACE POUR L’ECOUTE DANS LE MEILLEUR DES MONDES 

La énième et dernière réforme en date sur la formation professionnelle (loi 2018-771 du 5 septembre 2018) porte un bien joli nom : « Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel ». Malheureusement, les mots ne suffisent pas à créer la réalité. Car de liberté dans cette loi, il n’y en a aucune puisqu’il s’agit de choisir son avenir parmi une sélection de professions strictement préétablie par les pouvoir publics. Et vous l’avez déjà compris : ni l’écoute ni les métiers de l’accompagnement (encore moins la psychothérapie) ne font partie du catalogue de l’avenir. La liberté offerte par cette loi est tellement encadrée qu’elle ressemble surtout à celle du «Meilleur des mondes» de Huxley :

« Le monde parfait serait un monde qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient même pas à s’évader car ils auraient tout ce dont ils ont besoin, des besoins organisés par un gouvernement bienveillant qui, au nom du bien-être social, décide de ce qui est bon pour les individus et pour le maintien d’un système certes totalitaire mais qui est trop plein de bénéfices secondaires pour le remettre en cause réellement ».

Que dit la loi ?

Vous pensez que j’exagère ? Voyons plutôt ce que dit la loi… et ce qu’elle ne dit pas. Désormais, le financement de la formation professionnel repose sur le fameux CPF (Compte Personnel de Formation), un compte en euros attaché à chaque actif qui peut en disposer comme il l’entend. Pour choisir une formation, il vous suffit de télécharger une application (Mon CPF), de vérifier votre crédit (500 € par an) et de chercher la formation qui vous convient à partir de mots clés. Les métiers défilent : agent d’entretien, chef de projet informatique, ouvrier emballage, attaché commercial… Mais essayez donc des mots comme « écoute », « accompagnement émotionnel », « soutien psychologique », « relation d’aide »… Rien ! Absolument rien.

Dans notre société malade d’angoisses, de dépressions, de burnout, de perte de sens et de désespérance, les compétences d’aide et de soutien, qu’elles soient destinées à des professionnels ou des bénévoles, ne sont pas recensées parmi les formations éligibles. Et nous ne parlons même pas des métiers de la psychothérapie, termes pour lesquels le moteur de recherche affiche désespérément zéro référence. A croire que la centaine d’instituts de formation à la psychothérapie existant en France ne forment à rien.

Un choix politique et idéologique

Il semble – mais ce n’est sans doute qu’une mauvaise pensée – que ceux qui réfléchissent à notre avenir radieux et qui façonnent la société de demain sont plus intéressés par les métiers qui maintiendront la croissance économique qu’aux professionnels du bien-être individuel et social ou de l’accompagnement existentiel. Après avoir supprimé notre métier de psychothérapeute (2004), rejeté celui de psychopraticien (2019), les métiers de la relation d’aide sont maintenant exclus du champ social. Toutes les formations qui sortent des chemins balisés par le gouvernement sont mises à l’index prohibitirum, un immense inventaire d’activités interdites puisqu’il concerne de facto toutes les activités qui ne sont pas autorisées par le gouvernement, autrement dit toutes les formations non inscrites au fameux Répertoire National de la Certification Professionnelle (RNCP), le nouveau garant de la soi-disant professionnalisation.

Certains objecteront que tout ceci ne concerne que ceux qui veulent des financements publics. Ce à quoi, je répondrai deux choses.

  • D’abord, que le CPF n’est pas de l’argent public : il est un crédit qui appartient à chaque travailleur car lui et son entreprise ont cotisé pour cela. L’usager ne devrait-il pas pouvoir en disposer comme bon lui semble ? Ne devrait-il pas avoir le droit d’utiliser cet argent pour s’offrir la formation qu’il estime utile ou nécessaire à son épanouissement, même si celle-ci n’est pas inscrite au RNCP ?
  • Le deuxième point est tout aussi injuste. On nous dit que chacun reste libre de se payer la formation de son choix sur ses propres deniers. C’est vrai. Mais pour combien de temps encore ? Et surtout, combien de personnes disposent de l’argent nécessaire pour financer une formation longue et couteuse en psychothérapie, ou même une formation plus courte à l’écoute ou la relation d’aide ? Certainement pas un travailleur social, un éducateur ou un bénévole de rue.

Soyons clair : si vous n’avez pas de quoi vous payer la formation de vos rêves, votre avenir est entre les mains de l’autorité publique. Force est de constater que la santé mentale, l’équilibre psychosomatique, la paix intérieure, la connaissance de soi, le bien-être, le confort moral, sont autant d’indicateurs qui n’intéressent pas les gouvernements. Et l’on pourra dire ce que l’on veut, derrière l’arsenal administratif que l’on vient de décrire, il y a bel et bien un choix politique et idéologique qui…

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L’auteur:
Clément Haudiquet
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